Honoré de St Cyprien
Jusqu'au siècle dernier, le couvent de St Cyprien-sur-Dourdou était composé d'un conglomérat de 5 maisons et de plusieurs bâtiments sur un terrain attenant. Utilisés comme logements, chapelle, réfectoire, écoles, infirmerie ou chambres avec lavabo, tous ces locaux étaient autant de biens à entretenir. C'est un homme prénommé Honoré qui aida les sœurs dans cette tâche des années 30 aux années 60. Arrivé de nulle part, c'était un bricoleur hors pair qui débordait d'astuces pour entretenir le couvent à moindres frais. Mais son inventivité ne s'arrêtait pas aux bricolages, et dans les combles où il était logé, il s'installa un incroyable atelier pour développer des créations qui tenaient autant de la science que de l'art.
Un érudit énigmatique
S'il ne fait aucun doute que l'imagination d'Honoré était fertile, sa faculté à mener des travaux dans des domaines aussi variés que pointus laisse à penser qu'il était un peu plus qu'un simple homme d'entretien. Il n'existe cependant pas de piste qui permette d'en savoir plus sur ses origines, les sœurs ayant toujours respecté sa discrétion à ce sujet et se satisfaisant de voir en lui un envoyé du Ciel. Quant à son patronyme, 50 ans après que l'homme ait disparu, on lui en prête aujourd'hui plusieurs qui ont pour point commun... de ne pas être garantis. C'est donc un enchevêtrement d'hypothèses qui dresse le portrait de celui qu'on appelle simplement Honoré de St Cyprien.

Le plan du couvent et ses annexes dans les années 50.
Le hasard... ou le destin
C'est en 2017 qu'un ancien du village est troublé par la similitude entre les créations qu'il découvre dans un atelier aveyronnais et celles réalisées par Honoré quelques décennies plus tôt. Il fait part de son histoire au locataire de l'atelier qui n'est autre que Bastien Carré. La curiosité amène ce dernier à remarquer que le couvent où logeait Honoré est à vendre, et le hasard veut que celui-ci peut correspondre à ce qu'il cherche pour exposer son travail. Il lui faut peu de temps pour aller le visiter, et pas beaucoup plus pour se décider à le racheter. Quatre ans après avoir restauré l'ensemble et ouvert son espace d'exposition, il se penche sur l'histoire d'Honoré.
Un trésor dans les combles
Si les productions d'Honoré n'ont pas survécu à l'épreuve du temps, une partie de son matériel a pu traverser les décennies entassé dans les combles du couvent. Aucun document ne permettant d'établir avec certitude l'agencement original de sa chambre-atelier, ce sont les souvenirs lointains de quelques anciens et l'âme qui se dégage de ses affaires restaurées qui vont permettre de recréer l'atmosphère d'origine. Et au fil de la reconstitution, au-delà des outils ou des instruments dont la finalité laisse perplexe, c'est un univers d'une incroyable et extravagante poésie qui va émerger de son espace de vie.
L'héritier
L'année passée à reconstituer la chambre-atelier est à l'origine d'un véritable renouveau artistique pour Bastien Carré. En s'attachant à retrouver les sens pratiques, scientifiques et artistiques d'Honoré, il découvre des ponts entre nature et fabrique, de l'herbier au dessin technique et de l'écorce à la pièce manufacturée. L'esprit d'Honoré l'a imprégné et lui souffle désormais des idées de créations qu'il développe avec des moyens modernes. En hommage à celui qui lui a ouvert cette nouvelle orientation artistique, il marque ces travaux d'un "H" pour "Honoré de St Cyprien" et signe de l'anagramme Abies Terra nc.